Veille scientifique


Optimiser sa vitesse de lecture 

Le Monde fev 2014

Dans les Neurones de la lecture, le neuroscientifique Stanislas Dehane expliquaitque ceux qui lisent 400 à 500 mots par minutes sont non seulement de très bons lecteurs, mais sont proche de l'optimalité, car avec "le capteur rétinien dont nous disposons, il n'est sans doute pas possible de faire beaucoup mieux". Pourquoi ? Parce que ce sont nos saccades oculaires qui limitent notre vitesse de lecture. Il montrait que si on élimine la nécessité de bouger les yeux, un bon lecteur peut atteindre des vitesses de lecture faramineuses de 1100 à 1600 mots par minute. Et Dehaene d'imaginer que la présentation informatisée séquentielle rapide était certainement une méthode de lecture révolutionnaire pour demain.

Eh bien nous y sommes.

La startup Spritz propose une technologie de lecture séquentielle rapide qui n'a besoin que d'un minuscule écran (celui d'une montre connectée par exemple ou d'un téléphone mobile) pour accélérer radicalement votre vitesse de lecture. Avec Spritz, réglé sur 1000 mots à la minute, il ne vous faudra que 77 minutes pour lire le premier volume d'Harry Potter, explique Business Insider. Pour cela, comme l'explique la startup, il suffit de présenter des mots d'une manière optimale. La seule limite à votre vitesse de lecture devient votre capacité cognitive personnelle à reconnaître les mots et à traiter leur signification.

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Le système Spritz présentant des mots à une vitesse de 250 et 500 mots par minutes.

Spritz n'est pas le seul système existant pour améliorer votre vitesse de lecture. L'application Velocity fonctionne sur le même principe, rapporte HuffingtonPost. Mais l'originalité supplémentaire de Spritz est que la technologie est disponible sous forme d'API, permettant d'imaginer des développeurs tiers l'utiliser pour l'intégrer à leurs équipements. Ce n'est donc pas vous qui allez utiliser une technologie particulière pour lire les contenus qui vous intéressent (pour autant qu'ils soient compatibles, et c'est bien le problème pour l'instant avec Velocity qui sait lire des articles de Pocket ou Instapaper ou du web, mais visiblement pas encore des epubs), mais demain de nouveaux équipements qui vont pouvoir vous la proposer afin que vos contenus s'y adaptent.

Reste à changer ses habitudes... à s'habituer à ce nouveau mode de lecture. Et force est de reconnaître que ce ne sera pas si simple... Les technologies semblent toujours s'ingénier à agrandir le fossé culturel. Reste à savoir enfin si le livre se joue en fonction play ? C'est-à-dire à comprendre ce que cette optimisation de la lecture signifie. Tous les livres peuvent-ils se lire ainsi ? La lecture n'est pas qu'optimisation. Face à un système qui nous transforme à notre tour en robot de lecture, où ménage-t-on un espace pour l'évasion, la rêverie, le retour sur soi ?